M de la Fontaine 1691
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> > > > > > Lisez attentivement
cette fable, peu connue !!> > > > > > Elle doit dater de
1671.> > > > > > Un sacré visionnaire,
ce Jean de la Fontaine !>
LE CHIEN ET LES CHACALS
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> > >
Du coquin que lon
choie, il faut craindre les tours
> > >
Et ne point espérer de
caresse en retour.
> > > Pour lavoir ignoré, maints nigauds
en pâtirent.
> > > Cest ce dont je désire, lecteur,
tentretenir.
> > > Après dix ans et plus dhomériques
batailles,
> > > De méchants pugilats, dincessantes
chamailles,
> > > Un chien était bien aise davoir
signé la paix
> > > Avec son voisin, chacal fort
éclopé
> > > Qui navait plus quun il,
chassieux de surcroît,
> > > Et dont lodeur, partout, de loin le
précédait.
> > > Voulant sceller
lévénement
> > > Et le célébrer
dignement,
> > > Le chien se donna grande
peine
> > > Pour se montrer doux et
amène.
> > > Il pria le galeux chez
lui,
> > > Le fit entrer, referma
lhuis,
> > > Lassit dans un moelleux
velours
> > > Et lui tint ce pieux discours
:
> > > « Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous !
> > > Profitez, dégustez, sachez combien
je voue
> > > Damour à la concorde nouvelle entre
nous !
> > > Hélas, que jai de torts envers vous
et les vôtres,
> > > Et comme je voudrais que le passé
fût autre !
> > > Reprenez de ce rôt, goûtez à tous
les mets,
> > > Ne laissez un iota de ce que vous
aimez ! »
> > > Linterpellé eut très à
cur
> > > Dobéir à tant de
candeur.
> > > La gueule entière à son
affaire,
> > > Il fit de chaque plat
désert
> > > Cependant que son hôte
affable
> > > Se bornait à garnir la
table.
> > > Puis, tout dhumilité et la mine
contrite,
> > > En parfait comédien, en fieffée
chattemite,
> > > Il dit : «Mais, jy songe, mon
cher,Nous voici faisant bonne
chère
> > >
Quand je sais là,
dehors, ma pauvrette famille :
> > > Mes épouses, mes fils, mes neveux et
mes filles,
> > > Mes oncles et mes tantes que ronge
la disette,
> > > Toute ma parentèle tant nue que
maigrelette.Allons-nous les laisser jeûner jusquau matin ?
»
> > >
"Certes non ! »
répliqua, prodigue, le mâtin,
> > > Qui se leva, ouvrit, et devant qui
passèrent
> > > Quarante et un chacals parmi les
moins sincères.
> > > Sans tarder cliquetèrent les prestes
mandibules
> > > Des grands et des menus, même des
minuscules.
> > > Ils avaient tant de crocs, de rage
et dappétit,
> > > Ils mangèrent si bien que petit à
petit
> > > Les vivres sétrécirent comme peau
de chagrin
> > > Jusquà ce quà la fin il nen
restât plus rien.
> > > Ce que voyant, lingrat bondit
:
> > > « Ah ça, compère, je vous
prédis
> > > Que si point ne nous
nourrissez
> > > Et tout affamés nous
laissez
> > > Tandis que vous allez
repu,
> > > La trêve entre nous est rompue !
»
> > > Ayant alors, quoi quil eût
dit,
> > > Retrouvé forces et
furie,
> > > Il se jeta sur son
mécène,Et en une attaque
soudaineil lui récura la
toison,Aidé de toute sa
maison.Puis, le voyant à demi
mort,
> > >
De chez lui il le
bouta hors.Et linfortuné crie
encore«La peste soit de mon cur dor !
»
> > >
Retenez la leçon,
peuples trop accueillants :À la gent famélique, point ne devez
promettre.
> >
> Ces êtres
arriérés, assassins et pillardsMarchent en rangs serrés sous le vert
étendard.
> >
> Vous en invitez
un, lemplissez dortolans,Et cest jusquà vos clefs quil vous faut lui
remettre.
> > >
> > > Jean de LA
FONTAINE
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