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deces du Maitre de la guitare gitane

Le guitariste gitan Manitas de Plata est décédé, à 93 ans, dans la nuit de mardi à mercredi dans une maison de retraite à Montpellier a annoncé mercredi sa fille Françoise

Par Rémy ZAKA

Montpellier (AFP) - Manitas de Plata, chantre de la musique gitane et du flamenco, s'est éteint à 93 ans mercredi dans une maison de retraite du Midi, où, après avoir avoir vendu des millions de disques, ce flambeur et artiste de génie a fini ses jours ruiné.

Le virtuose, qui avait perdu toute autonomie, avait été placé par sa famille en maison de retraite en août dernier. "Mon père est mort de vieillesse, entouré de sa famille", a dit jeudi à l'AFP sa fille Françoise, qui était aussi sa tutrice.

Le guitariste gitan, de son vrai nom Ricardo Baliardo, était né le 7 août 1921 à Sète dans la roulotte familiale. Son père était marchand de chevaux. Mais c'est son oncle qui le poussa vers la musique et lui trouva son pseudonyme: Manitas de Plata, littéralement "petites mains d'argent" en espagnol, mais plutôt "doigts de fée".

Successeur de Django Reinhardt, Manitas de Plata, qui signait avec des lettres bâtons, y ajoutant les dernières années une espièglerie, un S transformé en dollar, s'est produit sur les scènes les plus prestigieuses. Il a triomphé (14 fois) au Carnegie Hall de New York, en décembre 1965. "Mon meilleur souvenir", a-t-il toujours affirmé. Il a aussi illuminé le Royal Albert Hall de Londres. "Il y avait eu quatre fois 7.000 personnes", s'amusait-il.

Tout est parti des pèlerinages aux Sainte-Maries-de-la-Mer, le rassemblement des gitans en Camargue au début des années 1960. Le photographe Lucien Clergue finit par le convaincre d'aller jouer à New York, alors que les Américains avaient traversé l'Atlantique pour l'enregistrer. "C’était un homme de scène exceptionnel. Il avait l’instinct. Pour sa communauté, c’était le numéro 1", a déclaré Lucien Clergue.

 

- Instants magiques -

 

Son dernier concert remontait à 2010, à l'ouverture de la Feria des vendanges à Nîmes. Il était alors accompagné d'une trentaine de guitaristes.

Depuis, assis dans son fauteuil, pantalon noir et chemise rouge, il ne jouait plus. "Je suis malade", lançait-il d'emblée à tous ses visiteurs, le regard triste dans ses yeux céruléens. Mais parfois l'envie était trop forte. Aussi prenait-il sa guitare et, devant quelques privilégiés, il laissait courir ses doigts engourdis par les rhumatismes sur les cordes.

Manitas de Plata, volontiers flambeur, qui draguait au volant de sa Rolls, a reconnu 13 enfants et faisait vivre toute sa tribu (femmes, enfants, oncles, neveux), soit quelque 80 personnes. Il a laissé 80 disques enregistrés et 93 millions d'albums vendus dans le monde.

"Il a fait beaucoup pour le rayonnnement de la culture gitane dans le monde, au même titre que Camaron de la Isla et Django Reinhardt", a estimé le cinéaste Tony Gatlif. "Il était redoutable, peu de gens étaient capables de jouer comme lui", a ajouté le chanteur gitan Kendji Girac.

Lui qui fut l'ami de Picasso, Dali ou Cocteau, a fini sa vie dans le capharnaüm d'un minuscule studio à La Grande-Motte (Hérault) face à la mer, entouré d'une foule d'objets, dont sept guitares ou un disque d'or cassé. "Il vivait à La Grande-Motte depuis plusieurs années. Il avait ses habitudes sur les terrasses du Front de Mer, mais on le voyait s’affaiblir", a raconté le maire UMP de la ville, Stéphan Rossignol.

"J'ai joué avec le cœur et j'ai toujours vécu au jour le jour", avait confié à l'AFP Manitas lors de son 90e anniversaire, en tirant sur sa cigarette. Le musicien avouait alors n'avoir jamais économisé et, à 90 ans, il continuait à payer un redressement fiscal.

Il assurait pourtant n'avoir pas de regret. Ou juste un seul: "Après moi, il n'y a personne en France. Je suis inquiet pour la musique gitane."

"C’est un gros chagrin pour moi et une grande perte pour tous mes petits frères gitans", a réagi Brigitte Bardot. Il "avait reçu le don unique d’époustoufler par la puissance et la rapidité de son jeu" avec "une grande simplicité pleine de noblesse innée".

"Il était une légende vivante", a salué de son côté Mireille Mathieu.

 

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07/11/2014
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